Organisé du 14 au 16 novembre au Carrousel du Louvre à Paris, le Women’s Forum était placé sous le signe du call to action, après avoir fait de la capitale française la capitale des Femmes : l’annonce de la création du Women & Access to Health Daring Circle, mené par Sanofi et Axa, clôturait la 14e édition du Davos au féminin. L’occasion de rencontrer Isabelle Vitali, directrice Innovation et Digital chez Sanofi France, pour parler innovation, tech, e-santé, impact du numérique et femmes par lesquelles la santé passe. Un an après avoir lancé le 39BIS, le lab dédié à l’open innovation du groupe pharmaceutique français, elle dresse un premier bilan des projets. Le groupe pharmaceutique annonce aussi viser 50% de femmes cadres d’ici à 2025. Retour sur une édition du Women’s Forum, riche en annonce pour Sanofi !
Aider les femmes à avoir accès à la santé : l’appel à initiative, lancé par le Women & Access to Health Daring Circle, un cercle de partenaires du Women’s Forum, mené par Sanofi et Axa, vise à soutenir les start-up répondant à cet enjeu-clé. Créer en collaboration avec BNP Paribas et Google, avec Reckitt Benckiser et l’ Alliance du Vaccin Gavi, le Women & Access to Health Daring Circle veut faire remonter les projets les plus innovants. Au menu pour les start-up oeuvrant à améliorer l’accès à la santé des femmes : mentoring, communication, accompagnement et financement de l’ensemble des partenaires pour le gagnant. Une initiative née au sein du 39BIS, le premier laboratoire dédié à l’e-santé, bâti par Sanofi. Depuis un an, quasiment jour pour jour, un lieu cristallise la stratégie d’open innovation du groupe pharmaceutique. Incontournable levier de sa transformation numérique, le laboratoire d’idéation et de prototypage installé sur le campus du groupe à Gentilly permet d’ancrer une démarche de santé digitale au coeur de Sanofi et d’accélérer les projets de e-santé. Comme l’explique Isabelle Vitali, à la tête de l’innovation et du digital au sein du groupe pharmaceutique, ce lieu dédié à l’innovation permet à 500 collaborateurs parmois de croiser professionnels de santé, associations de patients, experts de nouvelles technologies mais aussi des étudiants et bien évidemment des start-up. Ils se rencontrent au travers de keynotes, meet-up ou workshops et font naître des idées pour les uns, et font l’expérience d’innovations pour les autres. Big data, intelligence artificielle, objets connectés, algorithmes, plateformes collaboratives… le groupe est sur plusieurs fronts pour transformer la santé en e-santé. À la clé, l’objectif d’améliorer le bon usage du médicament, enrichir la prise en charge des patients par les pharmaciens en officine, ou encore améliorer le diagnostic des maladies rares. Un exemple concret ? Après un premier POC- proof of concept-, Sanofi prévoit de lancer un agent conversationnel, développé en partenariat avec Orange et la start-up e-santé Kap Code, afin d’aider au bon usage des médicaments de prescription complexe. Autre cas : Sanofi travaille au développement d’une plateforme algorithmique qui pourra aider les pharmaciens d’officine dans le conseil de patients atteints de maladies chroniques. Au total, une centaine d’idées ont émergés autour de 6 axes (de l’accompagnement des patients à la gestion du back-office des officines). Enfin, troisième projet sur les rails : une trentaine de parties prenantes a été réunie,-experts, association de patients, Orange et l’Inria, start-up-, pour travailler sur le sujet crucial de réduire le temps d’errance du diagnostique des maladies rares. Résultat : 13 solutions identifiées qui sont rassemblé dans un Livre Blanc va être porté à la communauté scientifique. Sanofi planche sur deux autres questions : comment je me protège grâce à la vaccination et comment la Tech permet d’appréhender le diagnostique des affections cutanées.
Le marché de la e-santé est en plein boom. En France, il pèserait entre 2,2 et 3 milliards d’euros par an. Avec 100 000 applications de santé mobile, un terreau favorable est déjà installé, qui se traduit de plus dans les intentions : 78% des Français sont favorables au partage de leurs données de santé avec les professionnels qui les suivent. Et 44% acceptent de le rendre accessibles sur des objets connectés.Du côté des professionnels, 90% disent considérer la e-santé comme une opportunité pour améliorer la prévention. C’est l’un des 4 P décrivant la médecine du futur, avec la personnalisation, la prédiction et la participation.
Le numérique, mais aussi les femmes. C’est l’autre axe de mutation de Sanofi. Comme l’a affirmé Olivier Brandicourt, Directeur Général du groupe, le jour de l’ouverture du Women’s Forum, il « croit en la nécessité absolue de l’équilibre entre les sexes ». Raison pour laquelle il se fixe comme but d’atteindre 50% de femmes parmi ses 1 900 cadres dirigeants en 2025. Enjeu éthique, mais aussi business. Avec plus de femme, le groupe s’attend à de meilleures performances commerciales, une amélioration de l’efficacité organisationnelle, et in fine, des retombées positives sur les résultats financiers. À date, Sanofi emploie 46% de femmes, mais seulement 36% parmi les hautes fonctions. Pour changer les choses, le groupe a d’ores-et-déjà mis en place des programmes de développement du leadership pour les femmes, insufflé une culture du travail inclusive, et lancé une campagne interne de promotion de la parité. Mais peut-être plus important, le groupe a intégré son ambition de 50/50 aux objectifs de performance du comité exécutif. Reste à savoir si le niveau de rémunération sera, lui aussi, égal à celui des hommes, à même niveau d’expérience et de compétence.
➡️ C’est parti pour la FlashInterview d’Isabelle Vitali, directrice Innovation et Digital chez Sanofi France, réalisée vendredi 16 novembre 2018 lors du Women’s Forum au Carroussel du Louvre à Paris, par Emmanuelle Leneuf pour le FlashTweet.
1️⃣ FlashTweet : Pouvez-vous vous présenter Isabelle, et expliquer pourquoi Sanofi participe à Womens Forum ?
Isabelle Vitali : Bonjour FlashTweet, je suis Isabelle Vitali, je suis directeur Innovation et Digital chez Sanofi France. Mes équipes, avec beaucoup d’autres fonctions, contribuent à la transformation numérique de Sanofi et je suis très heureuse d’être au Women’s Forum aujourd’hui parce que c’est un sujet qui me tient à coeur, et c’est un sujet qui est porté par Sanofi. D’ailleurs il a été annoncé de matin que nous avions un objectif extrêmement ambitieux d’une femme sur deux parmi les cadres dirigeants chez Sanofi à compter de 2025. Et c’est vrai que la santé est clé pour les femmes. Les femmes portent les sujets de santé dans l’entreprise mais également dans la vie de tous les jours.
2️⃣ FT : Vous êtes venue avec deux start-up dirigées par des femmes, Meyko et Okra Technologies. Quelle est votre stratégie en matière d’innovation ?
IV : L’innovation est dans notre ADN chez Sanofi. Chez Sanofi France, nous voulons pousser les sujets de e-santé avec un modèle d’innovation ouverte, très collaborative, avec l’ensemble des parties prenantes qui peuvent soutenir ces sujets d’innovation en e-santé. Quelles sont ces parties prenantes ? Ce sont parfois d’autres grands groupes dans d’autres domaines, comme Orange, Cognizant ou Altran avec qui nous avons des partenariats. Ce sont des académiques, ce sont des étudiants – nous avons par exemple un partenariat avec les étudiants de Châtenay-Malabry. Et ce sont aussi les start-up.
Nous travaillons d’une façon très renforcée avec une forte proximité avec les start-up, pour lancer avec eux des projets qui seront pérennes et dont nous voulons absolument évaluer la valeur. La valeur médicale tout d’abord, pour les patients, pour les professionnels de santé. Mais également la valeur organisationnelle dans le parcours de soin des patients, et la valeur économique pour chacun dans cet écosystème. Ces sujets d’innovation sont importants parce qu’ils nous permettent tout d’abord de nous concentrer sur l’innovation d’usage pour les patients et en nous appuyant sur des innovations technologiques telles que le big data, l’intelligence artificielle, les objets connectés, les plateformes collaboratives… Nous avons commencé à initier des projets extrêmement concrets qui embarquent ces nouvelles technologies qui sont très prometteuses pour le futur de la santé
3️⃣ FT : En 2017, vous avez créé 39BIS, le premier laboratoire 100% dédié à l’e-santé. Quel bilan un an après, et quelle perspective ?
IV : Le 39BIS est le premier est le premier laboratoire e-santé en France, 100% dédié à ce sujet. Nous l’avons lancé il y a un an, presque jour pour jour, au coeur même de notre campus à Gentilly, chez Sanofi. Sa mission est de définir et de développer, de mettre à disposition des solutions de e-santé très concrètes. Alors ce qui est extraordinaires dans ce lab est qu’il a été conçu dans un mode design thinking et que plus de 100 collaborateurs, de fonctions très différentes, ont participé à son élaboration. Plus qu’un lieu, c’est une offre. Une offre en 3 piliers. Booster les visions, car nous voulons rendre concrète l’innovation en e-santé. Booster les pratiques parce que finalement le digital est une formidable opportunité pour apprendre à travailler différemment, en mode design thinking, en mode agile, en mode scrum. Et puis nous voulons également, et c’est notre troisième pilier, booster les projets de e-santé.
Donc d’une façon très concrète, nous travaillons avec l’ensemble de l’écosystème, des associations de patients, des professionnels de santé, des experts de nouvelles technologies – big data, IA ,objets connectés, plateformes algorithmiques – mais nous travaillons également avec des étudiants que nous avons envie d’embarquer dans cette réflexion. Et puis bien sûr des start-up, qui nous ouvrent des voies nouvelles, et avec lesquelles nous trouvons une vraie complémentarité dans l’élaboration des ces solutions. Comment ça marche le 39BIS ? Pour l’instant cela marche bien ! On a plus de 500 collaborateurs par mois qui y viennent, pour soit participer à des keynotes, soit participer à des meet-up ou des workshops, pour se mettre dans une mode très expérientiel, pour expérimenter ce que sera la santé de demain.
4️⃣ FT : Bon usage des médicaments, diagnostic des maladies rares, rôle des pharmaciens : 3 des 5 projets entrent en phase de test. Expliquez-nous !
IV : Pour développer ces solutions de e-santé, nous partons toujours de grandes questions. Nous nous posons de grandes questions qui font sens pour les patients et pour les professionnels de santé. Il y’en a 5 au total. La première est la question du bon usage du médicament, et en particuliers des médicaments de prescription complexes. La seconde fait référence aux maladies rares et comment réduire le temps d’errance du diagnostic dans les maladies rares. La troisième s’intéresse aux pharmaciens d’officine et nous nous projetons sur ce qu’ils sera à horizon 2020-2030. La quatrième est au sujet de la vaccination : comment en tant que citoyen je me protège et je protège mieux les autres grâce à la vaccination. Et enfin la dernière s’intéresse au diagnostic des affections cutanées grâce aux nouvelles technologies.
Donc très concrètement, nous avons des choses très concrètes avec un certain nombre de ces solutions. Sur le bon usage du médicament, nous avons développé avec Orange et avec la start-up Kap Code un agent conversationnel qui va aider au bon usage des médicaments de prescription complexe. Un test de fonctionnalité a déjà été réalisé avec des médecins généralistes et avec des spécialistes. Sur la base de ces résultats, nous allons renforcer le bot. Sur le sujet du pharmacien d’officine, nous en avons réuni une trentaine répartis partout en France. Nous avons d’abord travaillé sur une séquence d’idéation. Plus de 100 idées ont émergé, et nous avons pris la décision de développer certaines des solutions qu’ils ont proposées, que nous avons d’ailleurs colligées dans un livre blanc que nous allons porter à la communauté scientifique.
Et là, de façon très précise, nous travaillons sur le développement d’une plateforme algorithmique qui permettra aux pharmaciens d’officine, au comptoir, d’accompagner son patient en particuliers ceux atteints de maladies chroniques, en complément de ce que peut faire le médecin. Sur le sujet des maladies rares, là aussi, nous avons travaillé en mode design thinking en embarquant dans ce projet un certain nombre d’experts, des associations de patients, des filières d’expertises, pour mieux comprendre quel était ce parcours d’errance, et nous avons identifié les points de difficulté pour lesquels les nouvelles technologies pourront apporter des réponses.
5️⃣ FT : Sanofi vient de lancer un appel à initiative pour améliorer l’accès à la santé des femmes. Pouvez-vous nous expliquer ?
IV : Au 39BIS, comme je vous le disais, c’est aussi un lieu de collaboration. Certains partenaires du Women’s Forum y sont réunis pour discuter des sujets de e-santé pour les femmes. En particulier, ils se sont posés la question de comment faciliter l’accès à la santé pour les femmes. Et la décision a été prise, par ces partenaires et en particulier AXA et Sanofi, de pousser un appel à initiative pour effectivement développer et identifier des solutions technologiques qui vont permettre de faciliter cet accès à la santé pour les femmes. C’est un très beau projet qui va être concrétisé durant l’année qui vient.
☑️ Propos recueillis le 16 novembre 2018 au Women’s Forum à Paris, par Emmanuelle Leneuf, Fondatrice du FlashTweet
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