La technologie seule ne fait pas tout. Et si elle n’est pas appliquée correctement au service de la pédagogie et de l’apprentissage, elle ne sert à rien. En effet, bien avant qu’elles ne soient intégrées dans des intelligences artificielles, les formateurs ont maîtrisé les sciences cognitives et la neuro-pédagogie. Mais avec les IA, on va pouvoir passer un cap et aller plus loin. Et le digital va devenir un super moteur d’acquisition de compétences !
Historiquement, les « cours » sont descendants, avec les fameux cours magistraux : je dispense un contenu, l’élève écoute, prends des notes et les relis ensuite en espérant s’en souvenir quinze jours plus tard. Sauf que le digital a apporté un effet de bord : prendre des notes sur un clavier d’ordinateur permet une moins bonne mémorisation que la prise de note. Plusieurs études dont une de Princeton en Californie l’ont prouvé. En effet, la concentration nécessaire pour taper sur un clavier est supérieure à celle d’écrire à la main. Et vous avez donc moins d’attention pour le cours.
Learning by doing, clé de l’ancrage mémoriel
Entre la saisie au clavier et les cours illustrés par des centaines de powerpoint, le digital des années 2000 était mal parti ! Mais avec les progrès récents, il dispose désormais d’atouts en termes d’ancrage mémoriel et d’acquisition de compétences. C’est ce qu’illustre la pyramide de la rétention, intégrant la pédagogie digitale. Cette pyramide est héritée de la taxonomie de Bloom, la référence en terme d’étapes d’apprentissage.
La base de la connaissance est fournie par le formateur sous forme orale ou écrite. Mais l’ancrage mémoriel ne se fera que s’il est aidé par de la mise en pratique avec le fameux Learning By Doing.
C’est là ou tous les moyens digitaux prennent leur sens. Le e-learning « de base » en mode texte ou vidéo permet de se passer et repasser le contenu. Puis un quiz permet de s’assurer que la base est assimilée. Depuis une dizaine d’années, des outils digitaux d’animation en salle ou à distance comme Klaxoon ou Kahoot ont révolutionné l’apprentissage. Les formateurs se sont dotés d’outils collaboratifs pour faire participer les étudiants. Ensuite sont venus la gamification et le Serious Gaming, à l’image du SimulTrain de STS, qui est un simulateur intelligent de conduite de projet.
De l’IA dans le moteur
Mais quand l’IA s’invite dans cette mise en pratique, avec de l’Adaptive Learning, c’est un atout incroyable pour la formation. En effet, le stagiaire va être challengé à coup de mécanismes d’incitation, jusqu’à ce que la leçon soit retenue. Un cran plus loin, la mise en pratique avec des conversations virtuelles, comme ce que fait Pitchboy, vous donne l’illusion de discuter avec une personne qui va vous pousser dans vos retranchements.
Un bon exemple est celui de l’appel à un service client avec une cliente qui perd patience. Si vous arrivez « sain et sauf » à la fin du scénario, vous aurez votre grille d’évaluation afin de vous améliorer. C’est le dernier étage de la pyramide de Bloom.
Le super pouvoir de la VR
Ensuite vient l’un des outils les plus puissants de l’arsenal digital pour moi qui est la Réalité Virtuelle. La VR se révèle extrêmement efficace en matière de mise en situation pour améliorer les compétences métiers et transversales (leadership, développement personnel..). Etre immergé dans son casque fait vous permet d’être 100% focus sur ce que vous vivez. De facto, les taux de rétention sont 4 à 6 fois supérieurs par rapport à la même expérience en vidéo ! Il n’est pas rare de voir des stagiaires demander à recommencer une simulation pour s’améliorer. Car il y a en plus un petit côté « addictif », souvent lié aux mécaniques de gamification !
L’autre intérêt de la réalité virtuelle, c’est qu’elle se fait en salle avec un formateur. Vous vivez donc l’expérience en présence d’autres participants et vous pouvez échanger sur ce que vous venez de vivre. Prenons l’exemple de la « Prise de parole en public ». Quand vous êtes face à une salle de conférence virtuelle, ce que vous voyez est projeté sur un écran de TV. Le formateur peut alors interagir avec vous et faire applaudir la salle ou vous poser des questions. Parallèlement, les autres stagiaires apprennent de votre expériences et des remarques qui sont faites.
Chat GPT va changer la donne
Dans les années qui viennent, ces simulations vont profiter des dernières générations d’intelligences artificielles. Pour rappel, OpenAI vient de mettre à disposition une API pour intégrer Chat-GPT dans tous les logiciels. En conséquence, les simulations vont prendre une autre dimension car les questions/réponses vont être virtuellement illimitées.
Concrètement, dans une simulation de service client, aujourd’hui vous avez50 ou 80 phrases pré-enregistrées dans un arbre de décision. Demain, avec l’IA, on pourra vous poser une infinité de questions plus vraies que nature. Personne n’aura le même scénario de simulation. Et en plus vous pourrez la recommencer sans avoir le même scénario.
A une époque où les compétences n’ont jamais été aussi éphémères,-2 ans dans tout ce qui est digital-, ces technologies « auto-apprenantes » permettront de créer des scénarios de simulation en continue. Et les formations seront mises à jour plus rapidement, et non pas tous les 2 ou 3 ans ! Après la question qui va se poser c’est : vous, et vos RH, êtes-vous prêts pour vous former de façon continue ?
Réponse dans la prochaine FlashChronique du FlashTweet !
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1️⃣L’avènement du Blended Learning
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