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La FlashChronique des Experts

Raphael Chenol Flashchronique
Raphaël Chenol
Directeur de l’innovation Demos
Tombé dans la marmite du digital quand j’étais petit, passionné d’innovation, j’ai toujours aimé surfer sur les nouvelles technologies. J’adore apprendre et comprendre, tester et partager, déployer et améliorer. Depuis fin 2021 je suis en charge de la digitalisation chez Demos.

La formation est-elle soluble dans le Métaverse ?

Le FlashTweet donne la parole aux experts, et à tous ceux et toutes celles qui innovent dans sa communauté. Cette semaine, la Matinale digitale ouvre ses colonnes à Raphaël Chenol, directeur de l’innovation chez Demos, acteur de la formation continue. C’est parti pour une série en 5 épisodes sur la transformation du secteur de la Formation
LA FORMATION EST-ELLE SOLUBLE DANS LE MÉTAVERSE ?

Il y a un an, la terre entière n’avait qu’un seul mot à la bouche, le Métaverse ! Au salon Learning Technologies c’était le maitre mot sur la moitié des stands. Un an plus tard, la bulle a littéralement explosé… sauf dans un petit village gaulois du nom de Formatum ! Il faut dire qu’à l’époque, la plupart des Métaverses proposés ne visait que le divertissement et n’avaient pas forcément de business model associé. Dans la formation, l’usage est réel et concret. En effet, le Metaverse répond à un enjeu de rapprochement « virtuel » géographique entre des étudiants-apprenants chez eux ou au travail et des profs-formateurs à distance. 

Car avec la digitalisation de la formation, les cours sont souvent dispensés à des étudiants-stagiaires, basés aux quatre coins de France, voire du monde ! Dans ce cadre, le Métaverse s’avère être une bonne solution pour jouer le côté social, permettre plus d’interactivité et créer de l’engagement. Rien de plus frustrant pour un formateur que d’être face à 40 étudiants sur Zoom, caméra éteinte !

Naissance du 1er Metaverse pour la formation

Dans le Métaverse, on voit les personnes évoluer, réagir, discuter et créer un véritable lien social virtuel comme dans certains jeux de rôles en lignes, avec des avatars en 3D. C’est ce qui se passe dans le MetaKwark en 3D, que Kwark Education a présenté son à Learning Technologies en juin dernier. Ce premier « Métaverse éducatif » est un véritable centre de formation virtuel avec des salles séparées, des espaces lounge pour discuter et se détendre pendant la pause. Pour un formateur, cela permet aussi de voir s’il n’y en a pas un qui dort au fond de la classe !

Pour en avoir discuté avec le directeur eLearning de Natixis, qui a organisé des sessions réunissant jusqu’à 300 personnes sur Engage XR, les résultats sont très satisfaisants. Cependant, il faut garder en tête que recréer un centre de formation dans une tour de bureaux ou dans une station spatiale n’a de sens que s’il y a beaucoup de gens connectés dessus.

Mais d’autres solutions existent pour créer un Métaverse pour la formation en 3D, comme Glue ou EngageXR. Cependant, la 3D n’est pas un fin en soi. D’autant plus qu’elle va souvent nécessiter un casque de VR ou un PC équipé d’une carte graphique pour bien tourner. Il est ainsi impossible de faire tourner un Spatial.io, par exemple, sur un portable de bureautique.

La bonne nouvelle ? Il existe des Métaverses en 2D comme Gather.town ou Glowbl, deux solutions françaises adaptées pour la formation, qui proposent des espaces communautaires en 2D, façon 8 bits des années 80. Les étudiants-stagiaires se déplacent de salles en salles ou de tables en tables pour participer ensemble à des sessions ou activités. C’est ludique et a l’énorme avantage de tourner sur tous les navigateurs sur tous les ordinateurs du monde !

L’Immersive Learning gagne ses lettres de noblesse

Je constate souvent qu’il y a un gros amalgame entre les Métaverses et le coté immersif de la VR. Les deux sont complémentaires et complètement dissociables. N’oublions pas que si on peut passer des heures dans un Métaverse sur un écran d’ordinateur pour de la formation, il n’en est pas de même pour un casque de réalité virtuelle où le temps maximum recommandé est de l’ordre de 35 à 40 min sous peine de fatigue oculaire et mal de crâne.

Malgré cette limite de temps passé, l’Immersive Learning en réalité virtuelle a déjà une longueur d’avance, là où les metaverses sont encore à l’étape d’expérimentation. La VR est une technologie plus ancienne qui a eu le temps de mûrir sur la partie hardware, les casques, et sur la partie usage.

Si aujourd’hui on est majoritairement sur le gaming pour le grand public, le secteur de la formation s’approprie l’outil coté professionnel. En effet, aucune autre technologie ne peut vous faire ressentir autant d’émotions, tout en étant 100% focus sur votre environnement.

La réalité virtuelle peut ainsi simuler des prises de risque, tout en étant tranquillement dans une salle de formation : prévention des risques industriel, simulation d’accident dans une centrale nucléaire, prévention sécurité incendie… Je pourrais multiplier les exemples. Et on commence à avoir des scénarios plus vrais que nature dignes d’un jeu vidéo sur console, avec l’avantage d’un taux de rétention de prêt de 90%, sans être dérangé(e) par ses notifications WhatsApp ou Instagram.

Une meilleure expérience pédagogique avec la VR

De mon coté, je travaille beaucoup sur les soft skills avec des partenaires comme Reality Academy ou 5Discovery. Les premiers sont spécialisés dans la vidéo 360° interactive plus vraie que nature, avec un catalogue déjà très impressionnant (Management, Commerce, Cybersécurité…). Les second sont experts sur les simulations en 3D, axé sur le développement personnel, comme la prise de parole en public, la diversité, l’inclusion ou encore le handicap.

Je dois avouer que tester un scénario en VR où on vous met à la place d’une personne avec un handicap visible ou invisible est la seule façon d’arriver à comprendre « un peu » ce qu’elle ressent tous les jours. Idem quand on vous met à la place d’une personne en situation de harcèlement, il faut le voir pour le croire !

Mais si vous ne trouvez pas le scénario de vos rêves prêt sur étagère, pas de soucis ! Les solutions de Wixar, Uptale ou encore Serious Factory proposent déjà des éditeurs VR très convaincants pour créer du sur-mesure. La Solution de Wixar est même à la croisée des chemins puisque non seulement vous pouvez construire votre scénario directement depuis votre casque VR, mais également de façon collaborative avec plusieurs personnes en simultané.

D’ailleurs, la prochaine étape est justement de vivre une expérience en VR à plusieurs de façon synchronisée (on se rapproche de la formation dans le Métaverse…) pour remplacer la fameuse tour de Lego du Team Building par une expérience d’escape game virtuel.

Face à cet engouement, des associations comme « France Immersive Learning » regroupent de façon très active tous les acteurs du secteur de la VR et de la formation pour former, sensibiliser et mettre en relation les besoins des clients avec des prestataires.

Tout n’est pas rose dans la VR

Leur laboratoire du coté de la Bibliothèque François Mitterand est un vrai magasin de jouets pour le early adopter de la VR que je suis depuis 2014 (j’en suis à mon 4e casque). C’est avec un certain plaisir que je vois l’usage BtoB se développer dans le secteur de la formation. Cette technologie avec les progrès récents sur les casques (Meta Quest Pro, Pico 4 Pro, HTC Vive XR Elite, Apple Reality…), les moteurs 3D (Unity, Unreal Engine) et l’IA, dont nous reparlerons prochainement, promettent des simulations de plus en plus interactives et réalistes. Ces simulations sont déjà, et seront encore plus demain, le complètement parfait à une formation dispensée par un formateur qui peut interagir en temps réel pour pimenter l’expérience d’apprentissage.

Cependant, tout n’est pas rose dans l’univers de la VR. La plupart du temps, les formations doivent se dérouler en salle avec un formateur qui sait manipuler le matériel, car le taux d’équipement à domicile est encore anecdotique.

Learning by Doing, le maître mot

Ensuite comme je l’ai déjà précisé, le temps sous casque est limité. Il est donc impossible de faire des formations entières avec un casque sur la tête. Et j’ai envie de dire Tant mieux ! Mais le plus gros souci demeure sa scalabilité : il est impossible de former plusieurs centaines ou milliers de personnes en même temps ou dans un laps de temps très court car le matériel coûte cher et il y a de la logistique à gérer. C’est possible avec de gros acteurs, mais attention à l’addition ! Finalement le coté scalable viendra peut-être du Metaverse qui n’a pas de contrainte physique. 

Pour terminer et en prenant un peu de hauteur, la digitalisation de la formation avance très vite. On est passé en quelques années de la formation en salle, à la formation blended et à la formation « classe virtuelle » sur Zoom ou Teams.

Mais jusqu’à présent cela n’a pas changé fondamentalement la façon d’apprendre : un prof-formateur est face à des élèves-stagiaires, qui sont en mode « j’écoute le prof ». Metaverse et VR changent la donne avec des expériences immersives et surtout participativesLearning by Doing devient le maître mot, et on devient acteur de sa formation. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir des stagiaires enlever un casque de VR après 25 min d’apprentissage, de les voir le visage rougi par le casque, sourire aux lèvres et les entendre dire « J’y étais ». 

Mais le meilleur reste à venir, car ses simulations pour l’instant très « statiques » voient un allié de poids débarquer : les intelligences artificielles.

Rendez-vous le 24 février pour le prochain épisode de la FlashChronique du FlashTweet pour découvrir comment les IA modifie la formation.Stay Tuned ⚡️

Retrouvez ma série en 5 épisodes sur la transformation de la formation :

1️⃣ L’invasion du E-Learning (vendredi 10 février)

2️⃣ L’arrivée des technologies immersives et des Metaverses (vendredi 17 février).

3️⃣ La voix ouverte par les intelligences Artificielles en matière de personnalisation et de création de contenus pour la formation (vendredi 24 février).

4️⃣L’impact des technologies sur l’acquisition de compétences (vendredi 3 mars).

5️⃣ Le rôle des RH et des formateurs dans ces changements (vendredi 9 mars)

Si vous voulez découvrir l’introduction de cette mini-série, c’est par ici.

Image de Raphaël Chenol

Raphaël Chenol

Directeur de l'innovation Demos

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